Résumé de la gestion du COVID en France

Cet article est un petit récapitulatif de la crise du COVID en France et des raisons pour lesquelles je pense qu’on s’y prend comme des manches. Il a la prétention d’être objectif bien qu’il soit accusateur, et vos commentaires pour y corriger des erreurs factuelles sont les bienvenus.

Je l’écris car des personnes que j’estime énormément m’ont indiqué penser que la gestion calamiteuse de cette crise par notre gouvernement d’amateurs n’est pas entièrement de leur faute, et je pense vraiment fâcheux de ne pas être assez sévères envers les gens dont les choix ont tué plus de cent mille personnes, et détruit la santé de centaines de milliers de Français·e·s (10% de COVID long). Pour être tout à fait honnête, je pense que la place de notre gouvernement est devant un tribunal international.

Fin janvier 2020, L’inquiétude grandit en France

Personnellement, je ne m’inquiète pas encore, et suppose qu’il s’agit d’une grosse grippe. On a nos premiers cas. Le gouvernement met des petites affiches dans les aéroports pour que les gens fiévreux se signalent.

Février 2020, On atteint les 100 cas

Je commence à comprendre la dynamique exponentielle grâce à quelques données montrant un R0 à environ 2.5. Au travail, on arrête de se saluer physiquement, j’ouvre les portes avec le coude, plusieurs articles parlent de notre premier mort, un enseignant dans l’Oise (non sans préciser qu’il avait d’autres problèmes de santé).

Mars 2020, À poil

On confine un peu tard, mais on confine. À ce moment, on n’a pas de tests (un peu comme tout le monde), pas de masques (pas comme tout le monde).
On commence à se poser la question de la transmission par aérosol, mais comme on n’a pas de masques, la porte-parole du gouvernement nous explique que ça ne sert à rien. Je commence à sortir avec mon FFP3 3M et les gens me regardent comme un paranoïaque, voire me traitent d’égoïste.
Le confinement est violent, les écoles sont fermées, le télétravail réellement obligatoire pour ceux qui peuvent, tout est fermé, et ça fonctionne.

Mars-Mai 2020, Confinés

On nous explique que les morts et réanimés sont des gens qui n’ont pas respecté le confinement. On a de belles attestations pour sortir faire les courses, contrôlées sadiquement par la police qui n’hésite pas à vérifier dans les courses des gens s’ils considèrent que les choses achetées sont vraiment indispensables. Mais on n’a toujours pas de masques, sauf quelques-uns qui bénéficient de réseaux clandestins.

Été 2020, On a des masques et des tests

On a des masques, il devient obligatoire à certains endroits. Des amendes pleuvent sur ceux qui ne le mettent pas tous seuls dans leur voiture, tandis qu’en intérieur, on commence à voir des nez d’imbéciles dépasser, voire des hamacs de menton.
L’émergence de ces Covidiots n’est pas très surprenante étant donné que les médias passent leur temps à régurgiter les communications gouvernementales sans aucun recul ni analyse, ainsi qu’à inviter des politiciens, des complotistes, ou encore des charlatans tels que Didier Raoult, plutôt que des scientifiques.
La plupart des restrictions sanitaires sont levées, on peut même déjeuner en terrasse.
La situation était presque sous contrôle, c’était le moment de ne pas rater le « tester-tracer-isoler »… Mais ils l’ont merdé.
Fin août, le nombre de cas recommence à augmenter.

Rentrée 2020, En avant dans le bullshit

Macron enlève son masque pour tousser. La rentrée scolaire se fait tout à fait normalement : rien n’a été fait pour la protection à l’école. Les enfants ne sont pas masqués avant le collège. Les classes sont pleines comme d’habitude, les enfants mangent à la cantine un peu moins mélangés que d’habitude, … les profs consciencieux font cours fenêtres ouvertes. Le « tester-tracer-isoler » prend l’eau de toutes parts avec des ARS sous l’eau qui suivent les cas contacts trois semaines après le contact.
Le télétravail reste « fortement conseillé », et tous les employeurs envoient leurs salarié·e·s au bureau, à minima un jour par semaine, ce qui est largement suffisant pour transmettre efficacement SARS-COV-2.

Novembre 2020, 50000 cas par jour

Comme prévisible, les chiffres sont désastreux. On finit par « reconfiner » pendant un mois et demi, un « confinement » où les écoles sont toujours ouvertes et les employeurs « fortement invités » à faire télé-travailler leurs employés. À part ça c’est chacun pour soi, avec deux fois moins de chômage partiel et deux fois plus de travail sur site qu’au premier confinement. Le masque est enfin rendu obligatoire à l’école primaire, mais les enfants français sont toujours, magiquement, « non-contagieux ». Il existe plusieurs études indiquant qu’ils sont moins symptomatiques, mais contagieux malgré tout.
Les Covidiots montent au créneau et expliquent qu’on étouffe nos enfants qui désaturent avec leur masque, photos truquées d’oxymètre à l’appui avec des chiffres de saturation dignes de comateux. Personne n’explique clairement aux heures de grande écoute en quoi ces « doutes » ne sont fondés sur rien.
De plus en plus de commerces ouverts sont tenus par des imbéciles sans masque (y compris des pharmacies !).
La police a arrêté de contrôler ce que les gens achètent, maintenant ils se défoulent avec les gens sans masque, mais seulement une certaine catégorie de personnes.

Fin 2020, Déconfinement

Le confinement de novembre-décembre était censé ramener le nombre de cas/jour en dessous de 5000 – c’était la jauge officielle de déconfinement ; mais comme les demi-mesures n’ont pas suffi, on déconfine à 12000 cas/jours, sur une pente ascendante, parce que pourquoi pas après tout.
L’apparition de variants plus contagieux inquiète la communauté scientifique.
Les premiers vaccins sortent et on commence à vacciner un peu partout (mais pas en France, où l’on s’y mettra un mois après d’autres).
Les Covidiots ne veulent pas de vaccin à cause de la puce 5G qu’il y a dedans. D’une manière ou d’une autre, leur impression est que cette pandémie arrange le gouvernement (??!?).

Janvier/février 2021, La fête du slip

Tandis que les scientifiques s’époumonent sur le danger des variants et le fait que la campagne de vaccination n’est pas suffisante sans mesures fortes de contrôle de l’épidémie, surtout à cette vitesse, on continue joyeusement à faire de la merde. Le télétravail est toujours « conseillé ». Niveau école, nos enfants sont toujours magiquement non-contagieux, mais le sport en intérieur est enfin suspendu.

Mars 2021, Une semaine décisive

Le mois de mars 2021 n’est qu’une longue suite de semaines décisives, où le gouvernement nous explique qu’il se « tient prêt à décider de prendre des mesures fortes« . Fin mars, à presque 40000 cas/jours, Macron finit par annoncer un troisième confinement, non sans préciser, en plein en haut de la vague, qu’il a bien fait d’attendre car « la vague annoncée par les scientifiques en janvier n’a pas eu lieu« . C’est dans la lignée de la communication gouvernementale des dernières semaines, où l’on a appris que Macron n’a plus besoin du conseil scientifique, car il est très très intelligent.
Les Covidiots continuent à faire des apéros et des restaus clandestins en rappelant que le COVID est bénin dans 85% des cas, toujours sans réussir à faire une règle de trois pour découvrir combien ça fait 15% de 67 millions.

Avril 2021, Reconfinement

La campagne de vaccination atteint un rythme quasiment acceptable où au rythme actuel, pour la première fois, on pourrait vacciner toute la France avant 2022. Ce serait tout à fait une bonne nouvelle si des variants plus contagieux ne continuaient pas à popper par ci par là dans le monde.
Le troisième reconfinement est légèrement plus ambitieux que le deuxième : les écoles sont fermées, et le télétravail n’est plus « fortement conseillé », mais « très fortement conseillé ». La fermeture des écoles se fait avec une semaine de cours en distantiel, suivie des vacances d’avril, décalées au même moment pour les trois zones.
Tandis que l’école reprend en distanciel, les serveurs de l’ENT et du CNED crashent lamentablement et le ministre de l’éducation accuse d’abord une attaque venue de l’étranger, puis l’incendie du datacenter d’OVH, puis les collégien·ne·s elleux-même, dans un cynisme total alors qu’en un an, rien n’a été mis en place au cas où un enseignement à distance soit de nouveau nécessaire et qu’il a même… rendu 600 millions du budget 2020. (Rien n’a été fait au niveau national pour sécuriser sanitairement les écoles non plus).
L’école primaire est censée rouvrir le 26 avril, au bout de trois semaines, soit à peine une semaine après le pic de la vague. Ce confinement servira donc à : strictement rien du tout, si ce n’est à continuer à défoncer un peu plus la santé mentale des Français·e·s.
Tandis qu’on « fête » nos 100000 morts, les journaux étrangers commencent à appeler la France « le Brésil de l’Europe« .
Les Covidiots collectionnent les points Godwin tandis que nous nous préparons à merder la réponse au variant brésilien comme nous avons merdé la réponse au variant anglais, toujours dans l’optique de « vivre avec le virus pour épargner l’économie », alors qu’on a depuis appris que les stratégies Zero-COVID épargnent à la fois la santé… et l’économie.
On accepte maintenant sans même plus en parler l’équivalent d’un crash aérien par jour, sans même regarder la courbe du cumul de morts, qui à mon avis, montre bien à quel point on fait de la merde depuis le déconfinement de mai 2020.

J’espère que mes concitoyen·ne·s sauront se rappeler de ce naufrage en avril 2022, dans l’éventualité où Macron aie l’outrecuidance de se re-présenter.