Le Tour de Creuse à vélo – jour 1

[Limoges – La Clupte, 52.5km, 950m D+] (le texte en italique est d’Abi)

Ça faisait quatre ans qu’on n’avait pas pris de vacances en amoureux, ça nous manquait grave et Abi voulait aller voir la Cité de la Tapisserie à Aubusson car ils ont tissé des scènes magnifiques de Tolkien. Cette envie nous a servi de base pour se lancer dans le Tour de Creuse à vélo, et malgré quelques péripéties préparatoires, on a réussi à s’organiser avec deux boulots, deux ex et trois enfants pour se libérer quinze jours (tellement merci Gilles et Christine de nous avoir permis de prendre ces deux semaines !).

En effet, je « suis » la Cité Internationale de la Tapisserie depuis 2019, découvrant les unes après les autres leurs tapisseries monumentales inspirées par des dessins et des peintures de Tolkien lui-même. En cherchant « Aubusson » sur la carte de France j’avais même vu que la ville se situait « de l’autre côté » d’un parc naturel, en partant de Limoges qui est facilement accessible en train depuis chez nous. Honnêtement, c’était à peu près l’étendue de mes connaissances sur la Creuse au moment de notre départ. J’exagère à peine… même si j’avais trouvé des informations touristiques concernant le Tour de Creuse en vélo, je n’avais pas retenu grand chose de mes lectures, si ce n’est que ça se fait, de faire du vélo en Creuse.

On a récupéré les traces de l’itinéraire officiel, on a pris deux billets de train pour Limoges, on a réservé notre première nuit dans une chambre d’hôtes à (près de) Chatelus le Marcheix afin de se prévoir une première étape de 46km, on a fini de travailler vendredi 16 à 17h, on a laissé les enfants aux exs, on a fait les sacoches (qu’on avait minimalement préparées tout de même), et on est parti samedi matin pour le train de 7h38. On avait VRAIMENT envie d’y aller.

Moi, j’ai beaucoup du PTSD de mon premier voyage à vélo où je me suis fait une tendinite horrible que j’ai traînée 6 mois, à mon deuxième voyage à vélo ça a commencé à chauffer et on a eu l’intelligence de s’arrêter avant que ça parte complètement en sucette, du coup, pour ce troisième voyage, y’avait trois nouveautés : Un, mon nouveau vélo, sur mesure, fait par Gaël de Baudou Bikes, Paul de Panda Roule et assemblé par moi-même en récupérant tout le reste sur l’ancien ; Deux, finies les pédales automatiques et les chaussures SPD, maintenant c’est pédales plateformes pour ne pas me contraindre les genoux ; et Trois, pas de pression sur le kilométrage. C’est pour ça qu’on n’avait réservé que notre première nuit, en prévoyant de réserver au fur et à mesure en fonction de notre avancée.

D’autant plus qu’Abi m’avait demandé plusieurs fois « y’aura du plat, hein ? ça va pas faire que monter et descendre ? » Je vous gâche le suspense tout de suite : ça fait que monter et descendre.

On avait tellement envie d’y aller, et d’y aller LONGTEMPS (15 jours), qu’on a réussi à prendre des billets à l’aube de notre premier jour de vacances, sans même s’être rendu compte que ça allait faire serré comme planning… Il est difficile d’exagérer le niveau de tension que j’atteignais en fin de semaine.

Le top départ !

Bref, le voyage en train s’est bien passé, on est descendu⋅e⋅s à Limoges, on s’est fait klaxonner deux fois par deux connards juste histoire de nous rappeler pourquoi on voulait quitter la civilisation, et on s’est envoyés vers Châtelus-le-Marcheix.

Il n’a pas fallu longtemps après la sortie de Limoges et ses ZI, ZA et banlieues qui n’ont rien à envier à celles de Toulouse en termes de mocheté, pour arriver dans un pays magnifique, verdoyant, calme, aux paysages changeants, parfois ouverts sur des kilomètres, parfois enfermés dans un cocon de forêt.

Le premier endroit magnifique

On a fait notre première pause à un café pas loin de Limoges ; je suis allé à la boulangerie d’à côté acheter un casse-croûte : un pain à la viande et aux patates (une bonne indication de la suite de notre régime pour les deux semaines suivantes, mais nous ne le savions pas encore). On l’a mangé. Il était très bon, donc Abi est retournée à la boulangerie pour dire « mon mari est venu tout à l’heure acheter un pain à la viande et aux patates, … », voir que le boulanger commençait à s’inquiéter de la suite de la phrase, et finir « c’était super bon, merci ! ». Cela a redonné le sourire au boulanger qui… lui en a offert deux autres !

C’était notre première interaction sociale et elle était prometteuse !

On a roulé, on a roulé, on est arrivé⋅e⋅s à Châtelus au bout de 46km, et on s’est rendu compte qu’en fait, la chambre était à 6.5km encore, parce que j’avais pas fait gaffe mais dans la campagne, quand ça dit « à Châtelus », ça peut vouloir dire « à 8km à la ronde de Châtelus ». Du coup, on a pris un autre café, on a roulé encore, on a trouvé que quand même ça montait beaucoup, et quand on est arrivés on a compris pourquoi : 950m de D+ pour 52.5km ! (Oui, « beaucoup ». Je vous vois ricaner les cyclosportifs, on n’est pas des grimpeur⋅euse⋅s voilà.)

On est arrivés à la chambre d’hôtes de la Pissarelle à la Clupte, chez Jean-Loup et Annie, qui se sont révélés adorables. Jean-Loup (Wolfgang en réalité) est allemand, a beaucoup voyagé en moto, et de manière très amusante, il ne fait plus de vélo depuis longtemps, mais est un véritable amateur de mécanique vélo, et il a détaillé le montage du mien de A à Z, m’expliquant par le menu le programme du vélo sur mesure qu’il voudrait s’il en faisait un : cadre acier, freins à disques, moyeu Rohloff, … il savait exactement ce qu’il voulait ! On s’est régalés en leur compagnie (à moitié seulement, vu qu’ils étaient malades et ne voulaient pas nous refiler leurs microbes – mais pas du COVID !), puis on est allés se coucher fort tôt et avons très bien dormi, une fois la fenêtre ouverte car une odeur de lessive ou de détergent gênait Abi).

Le lendemain, nous sommes partis vers le lac de Vassivière.