DIY: Étagères flottantes suspendues

Ce week-end, j’ai finalisé un projet qui me tenait à coeur pour la pièce à vivre de notre nouvelle maison (on a déménagé !) : de grandes étagères flottantes et suspendues.

Voici les grandes lignes du projet, réalisé de manière a rester dans un budget acceptable, pour celleux que cela pourrait inspirer.

Le plan, tout d’abord :

Cela sera composé de trois planches de 2.36m sur 32.5cm de profondeur et de six planches de 1.23m et de même profondeur. Le « meuble » fait au total environ 3.5m de large sur 1.8m de haut.

La liste de courses :

  • 3 plans de travail en hêtre, 2.50m x 65cm, épaisseur 2.6cm (Leroy-Merlin), 207€
  • 33 chevilles Strongfix (RegalRaum), 91€
  • 4 chevilles à bascule (Leroy-Merlin), 8€
  • 10m de câble inox ø 3mm (FassadenGrün), 8€
  • 4 serre-câbles olives (FassadenGrün), 12€
  • 22 arrêt-butoirs inox (FassadenGrün), 47€
  • 4 cosses cœur (Leroy-Merlin), 8€

J’ai eu besoin d’un peu de matériel qui me manquait (il manque toujours des outils) :

  • Une pince coupe-câble (FassadenGrün), 40€
  • Un foret bois de 12mm (Leroy-Merlin), 6€
  • Un foret béton de 12mm (Leroy-Merlin), 20€
  • et enfin j’ai choisi la facilité et fait faire les 10 traits de coupe des plans de travail chez Leroy-Merlin, pour éviter les problèmes de coupe que j’aurais forcément eu si j’avais essayé de couper droit sur 2.36m de long avec une scie plongeante d’entrée de gamme et un rail de guidage de 1,40m: 50€.

Total: 498€, ce qui est extrêmement raisonnable, je pense, pour ce genre de projet. Mes premières estimations avant de chercher des moyens de limiter le budget m’amenaient vers 1100, 1200€. La plus grosse économie se fait sur les planches, qui coûtent bien moins cher sous forme de plans de travail redécoupés. (Update 2020: c’est faux, c’est bien moins cher en scierie et ce sera du massif plutôt que du lamellé-collé). Il y a aussi des économies du simple au double à faire avec la quincaillerie inox pour les câbles.

Fun fact: chez FassadenGrün, le seul moyen de paiement international disponible est le virement bancaire… après la livraison. J’ai reçu ma commande, enregistré leur RIB puis payé la commande. Ce niveau de confiance ravit le Bisounours qui sommeille en moi !

La physique, ensuite

L’idée était d’utiliser les chevilles Strongfix pour fixer les étagères au mur, et de solidifier à l’avant avec des câbles accrochés au plafond. Les chevilles en question sont censées supporter une charge de 12.5kg pièce. Le bois massif étant lourd (7.5kg pour les étagères d’1.23m et 15kg pour celles de 2.36m), j’ai prévu trois chevilles pour chaque petite planche et cinq pour les grandes. Il y a d’autre part deux câbles pour chaque petite planche, et trois pour chaque grande.

Théoriquement (car en pratique chaque point ne supportera pas le même poids), cela divise le poids à supporter par cinq pour les petites planches (soit 1.5kg par point) et par huit pour les grandes (soit 1.8kg).

Les câbles, par contre, supporteront plusieurs étagères chacun (jusqu’à 7 pour les deux câbles centraux), ce qui peut représenter jusqu’à 14kg par câble. J’ai donc pris de grosses chevilles à bascule (et j’ai hésité avec du scellement chimique).

Il faut ensuite ne pas oublier qu’on va y mettre des choses, sur ces étagères. Bref, ma technique n’est sûrement pas la bonne pour un mur et/ou un plafond en placoplâtre, sous peine de refaire le mur après arrachage violent. Chez nous, c’est de la grosse brique, ça passe, à mon avis, largement.

La réalisation

J’ai commencé par utiliser une longue barre métallique pour me faire un gabarit. En effet, il faut correctement aligner les trous des planches avec ceux dans les murs, sous peine de ne pas pouvoir rentrer la partie dépassante des chevilles. Dans le gabarit, j’ai fait un trou à 5cm, puis tous les 56.5cm. Cela permet d’avoir le même écartement de chevilles et de câbles dans les planches de 1.23 comme de 2.36m : 5cm,  61.5cm, 118cm, 174.5cm, 231cm.

Puis j’ai percé les trous de 12mm dans les planches.

Pour les faire le plus droit possible, j’ai commencé chaque trou à la visseuse, légère et plus maniable, sur environ 1.5cm de profondeur, puis fini le trou (de 10cm de profondeur, quand même) au perforateur 1250W, sans percussion bien sûr. C’était assez impressionnant, de la fumée sortait des trous et le foret sortait brûlant. C’est là que j’ai commencé à me dire que c’était un projet qui risquait d’être physique.

Les trous des chevilles faits, ne pas oublier les trous pour passer les câbles. J’ai utilisé les mêmes repères pour les trous des câbles que pour ceux des chevilles, mais il n’y a, respectivement, que un et trois passages de câble pour les planches de 1.23m et de 2.36m.

J’ai ensuite testé l’insertion d’une cheville dans l’un des trous :

Ça coinçait. La partie de la cheville est dotée d’une empreinte hexagonale de 11 sur toute sa longueur, et ça ne passait pas dans les trous de 12. J’ai donc pris mon mal en patience et meulé les empreintes hexagonales sur 9 centimètres sur 10. (22 chevilles fois 6 arêtes fois environ 4 passages par arête). C’est là que j’ai commencé à me dire que c’était un projet qui risquait d’être un peu laborieux.

Puis j’ai commencé la pose en procédant planche par planche. J’ai ajouté deux trous « temporaires » à mon gabarit. Puis pour chaque planche, percé un trou de 6mm dans le mur pour fixer un côté du gabarit, à la bonne hauteur et au bon écartement, fait le niveau, percé un deuxième trou de 6 pour finir de fixer le gabarit, pris les repères des trous de cheville à faire.

À ce sujet : j’ai utilisé le gabarit sur les planches en posant le verso du gabarit sur la tranche de la planche ; et sur les murs, il faut poser le recto du gabarit. De cette manière, chaque trou de planche et chaque trou de cheville se trouve repéré par le même trou sur le gabarit. Si l’on utilise le même côté du gabarit contre la planche et contre le mur, le trou de gauche d’un côté se retrouve à droite de l’autre, et si le gabarit n’est pas parfaitement réalisé (narrateur : le gabarit n’est jamais parfait), ça correspondra mal.

Puis j’ai déposé le gabarit, et percé les trois ou cinq trous de 12 pour les chevilles. Il ne reste plus qu’à serrer les chevilles, à la visseuse puis à la clé de 11 (plus difficile pour certaines que pour d’autres, elles ne sont pas dotées d’ailettes anti-rotation, et c’est bien dommage pour des chevilles à presque 3€/pièce de devoir les coincer à coup de carton, de cure-dents et de galérer). Avant d’installer la planche, en haut, ne pas oublier de trouer le plafond aux endroits idoines (toujours avec le gabarit pour faire le bon écartement de câbles, mais cette fois sans fixation temporaire, c’est un peu plus compliqué), et d’insérer la cheville à bascule.

Puis présenter la planche et commencer l’insertion des chevilles une par une, en pivotant la planche après la première. Pour les planches de 2.36m, avec cinq chevilles, c’est un peu laborieux. Pour celle du haut, à 2.30m de haut, j’ai eu besoin de l’aide d’Abi.

Et enfin, pousser la planche contre le mur. Là aussi, la réalité vient contredire la théorie, et comme les chevilles – qui rentraient bien dans les planches en montage à blanc – n’étaient pas toutes pile poil à 90°, ou bien le perfo ayant ripé d’un tiers de millimètre sur le mur, ou bien tout ce que le vrai monde jette à la face des plans SketchUp… Eh bien ça forçait suffisamment pour que ce soit impossible à faire à la main sur plus de 2cm. C’est là que j’ai eu confirmation que ce projet était un peu physique et laborieux. Mais, c’est aussi là que j’ai eu confirmation que tout devrait tenir : les planches de 15kg, insérées d’à peine 2cm dans les chevilles, et donc avec un poids en sacré porte-à-faux, restaient suspendues sans souci et tirer dessus à la main  vers le bas n’occasionnait ni bruits inquiétants, ni fissures horribles.

J’ai donc résolu le souci de l’insertion à grands coups de massette (avec une cale martyre, bien sûr, ou plutôt quatre, car elles finissaient par éclater les unes après les autres.

À la fin, toutes les étagères n’attendaient plus que leurs câbles.

(Sur cette photo, il en manque encore une).

Réaliser les câbles était bien moins fatiguant. À part la mise en place de la cosse coeur et de l’olive serre-câble qui requiert trois mains (merci Abi !), c’est simple comme du Lego, et carrément agréable de « coudre » les étagères avec le câble en le passant de haut en bas. Régler les arrêts butoirs est un peu plus compliqué lorsque l’étagère pointe un peu vers le bas, car il faut mettre légèrement en tension le câble tout en soutenant l’étagère avec l’épaule.

Le résultat :

Ça m’a pris environ dix heures pour tout faire – il reste à vernir. Tout s’est bien passé, j’ai eu moins de souci d’alignement que je ne craignais. C’était une journée physiquement fatiguante mais très agréable !