Vacances à vélo de Toulouse à Tosse

Ça faisait longtemps qu’on avait prévu de partir de Toulouse à Tosse à vélo, en suivant d’abord le canal latéral à la Garonne, puis les pistes cyclables du bassin d’Arcachon et enfin la piste cyclable le long de l’Atlantique, aussi appelée Eurovélo n°1.

On est partis le premier Août avec comme seul impératif d’arriver avant le 15 août et on comptait avancer au feeling, en suivant principalement le rythme de Paul. Finalement, nous nous sommes arrêtés avant la fin, à Mios après 320 kilomètres, pour une raison toute bête : je me suis fait une tendinite lors de l’étape la plus dure, celle où l’on avait 16 kilomètres de route entre les deux pistes cyclables. La charge (60 kilos quand même) combinée au stress de la route, au dénivelé et à la pluie m’a fait forcer un peu trop pour une fin d’étape.

On n’a donc fait que cinq étapes sur sept ou huit. Malgré cette petite déception, le voyage valait d’être fait et nous laisse plein de souvenirs !

Voici un résumé en photos.

Dimanche 1er août – Toulouse-Moissac (77 km en 4h30)

Une fois prêts à partir, le départ était connu vu que nous allons assez régulièrement à Gagnac sur Garonne par le même canal. C’est une fois qu’on a dépassé ce point pour arriver sur une partie inconnue de canal qu’on s’est sentis vraiment lancés !

Peu après le pique nique que l’on a fait sur le bord de la piste cyclable (pas tout à fait un bon endroit, il fallait trop surveiller Paul qui n’avait pas la place entre la piste et le canal…) le ciel s’est couvert et nous avons essuyé notre première averse, une légère pluie rafraîchissante – on n’a même pas sortis nos vestes imperméables !

A Montech, on a failli se perdre lors d’une séparation du canal. Hésitant au même endroit que nous, nous avons rencontré une jeune femme à VTT avec sa fille Théa dans une remorque. On a discuté un peu puis nous sommes repartis. Elle venait de Béziers et comptait aller jusqu’aux sables d’Olonne. Son étape du jour était prévue jusqu’à Moissac, ce qu’on trouvait long : nous comptions nous arrêter avant !

Clo et moi cherchions à bivouaquer, mais on n’a trouvé que deux endroits presque convenables mais pas tout à fait (sur l’un d’eux, une voiture stationnée trop près nous laissait penser qu’on ne serait pas assez tranquilles, et sur l’autre, nous étions trop à vue). On a évité de se mettre la pression, se disant qu’au pire le camping de Moissac nous accueillerait… Et au final, on s’est arrêtés au camping de Moissac. Paul a bien aimé le camping, et plus spécialement la réserve inépuisable de bâtons et cailloux qu’il représente. Il a eu un peu de mal à s’endormir dans la tente vu qu’il a commencé par sortir de sa petite tente popup par farfouiller partout, mais il a fini par réussir lorsqu’on l’a rejoint.

Lundi 2 août – Moissac-Lamagistère (27 km en 1h30)

On se réveille sous une pluie qui tape sur la tente et ne s’arrête pas. Petit déjeuner sous la tente, puis après une certaine attente, comme Paul n’en pouvait plus d’être calfeutré dans la tente, on décide de plier. Je range la tente dans les sanitaires pour essayer tant bien que mal de ne pas tremper l’intérieur, tandis que Clo et Paul discutent avec Théa et sa maman que nous avons retrouvé par hasard. Puis nous partons sous l’eau, Paul dans sa remorque bulle, nous sous nos K-Ways. A cet endroit de la piste, nous croisons et doublons de nombreux pélerins de St Jacques de Compostelle, à pied ou à vélo. Les marcheurs sont rendus bossus par leur sac à dos sous l’imper. Tous sont souriants, c’est très agréable. Un couple d’Américains à vélo, pélerins avec une coquille St Jacques sur la sacoche de guidon, nous double plusieurs fois et nous les redoublons plusieurs fois, en fonction de leurs arrêts et des nôtres, et l’on s’entre-motive à chaque fois !

Peu avant midi, comme il pleut toujours, on sort de la piste à Lamagistère et nous mettons en quête d’un hôtel histoire de pouvoir manger au sec, prendre une douche chaude et attendre un temps plus clément. On s’arrête à l’Auberge de la rue de la Gare où les propriétaires très sympathiques nous laissent ranger les vélos dans le garage. On fait un peu l’attraction du bar, trempés comme nous sommes, en attendant avec un café et un chocolat chaud que la femme de chambre prépare notre chambre. Paul (qui lui est tout sec, petit veinard) goûte avec joie au chocolat chaud !

Cela nous fait donc une petite étape. Il a plu jusqu’à 15 heures passées, nous sommes restés à l’Auberge pendant ce temps et y avons repris des forces (douche chaude, repas chaud puis sieste dans le lit douillet). Au réveil on a profité de l’arrivée du soleil pour nous promener à Lamagistère, qui est un petit village très fleuri et très agréable.

Paul y a ramassé des bâtons, des cailloux, il a fait des caresses à un chat très gentil, et a même pu sauter dans les grosses flaques avec ses belles bottes jaunes !

Pour que Paul arrête de sortir de sa petite tente popup que l’on avait installé dans la chambre (il n’y avait pas de lit bébé), on a décidé de zipper la moustiquaire, ce qui l’a empêché d’avoir envie de sortir tout le temps et l’a aidé à s’endormir vite. Finalement on gardera cette méthode tout au long du voyage : en fait ça le rassure d’être entouré, comme dans son lit à barreaux.

Le lendemain matin nous nous sommes réveillés sous le soleil et sommes repartis fringuants !

Mardi 3 août – Lamagistère-Lagruère (69km en 4h10)

Une étape tranquille où le soleil était enfin présent, mais pas gênant grâce à l’ombrage des arbres. Les kilomètres défilent tous seuls comme le premier jour. On s’en rend compte sans même regarder nos compteurs : à chaque pont, un panneau indique le point kilométrique, le nom du pont et le nom de la commune dont il dépend. On reconnait les noms qu’on a sur notre fiche planificative.

Au pique-nique du midi, nous nous sommes arrêtés en contrebas de la piste, à la bordure d’un champ de jeunes arbres. C’était beaucoup plus agréable pour Paul que le bord de la piste, car il a pu courir un peu et bouger sans qu’on aie peur pour lui. On avait aussi assez de place pour étaler la tente et la faire sécher avant d’en avoir besoin…

Puis on repart pour la sieste de Paul, et l’on a pu rouler tranquillement la majeure partie de l’après-midi. C’est incroyable comme le temps passe vite alors qu’on pédale en discutant de temps en temps…

On s’arrête assez tôt et campons au camping municipal de Lagruère après n’avoir, de nouveau, pas trouvé d’endroit pour bivouaquer. Soit on est trop difficiles, soit on ne va pas voir assez loin, soit on n’ose pas assez… Mais dans tous les cas, c’est pas évident de bivouaquer !

Le camping de Lagruère a l’avantage de ne pas nous dérouter beaucoup, étant situé à 5 mètres en contrebas de la piste cyclable du canal. En face, il y avait quelques jeux pour enfants où Paul a pu se défouler. Paul s’est endormi très rapidement, il semble habitué et en confiance, enfin sûr qu’on le rejoindra dans la tente pour dormir !

Quant à nous, c’était la première nuit où nos vélos dormaient dehors sans être attachés à un point fixe (au camping de Moissac, il y avait un poteau métallique). On a un peu stressé sur le sujet puis nous nous sommes dit qu’il faudrait pas de chance pour que quelqu’un nous vole nos vélos attachés tête-bêche avec une remorque sans nous réveiller !

Mercredi 4 août – Lagruère-Villandraut (78km en 4h43)

C’est déjà la dernière étape prévue sur le canal latéral. On y croit à peine, nous qui pensions aller presque deux fois moins vite ! Et comme prévu, nous quittons ce jour là notre canal à Castets-en-Dorthe après une quarantaine de kilomètres, peu après le pique nique sur une espèce de base de loisirs où il y avait profusion de jeux pour Paul. Nous y avons rencontré une famille de cyclistes super bien équipés en vacances. Le père roulait en tricycle couché HP Velotechnik et tractait une remorque bagagère ; la mère à vélo couché, tractait un tricycle Hase dont la roue avant était amovible, tricycle occupé par leur fille d’environ 8 ans. Enfin, leur fils roulait lui aussi à vélo couché. Chouette équipage dont c’était la première randonnée à quatre (l’année d’avant, ils étaient partis à trois).

A la dernière écluse, le canal se jette dans la Garonne et nous sommes  lâchés sur la route. C’est là qu’il faut rejoindre la piste cyclable Mios-Bazas à Roaillan, en 16 kilomètres de route via Langon (qui n’est pas immédiatement fléché).

La différence est flagrante avec la piste cyclable, d’autant qu’il pleut (encore !) par averses successives. Les voitures sont nombreuses et nous doublent près et vite – les routes que l’on prend sont limitées à 90… ce qui tend à nous stresser un peu. Y’en a même un qui nous a klaxonné pour le plaisir. Contrairement au canal, il y a du dénivelé et quand ça grimpe, je sens beaucoup plus les 60 kilos de charge que sur le plat.

Bêtement, on force un peu pour essayer d’aller un peu plus vite vis-à-vis des voitures (alors que la différence de vitesse est telle que ça ne sert à rien – vu de 90km/h, un cycliste qui se traîne peinard à 8km/h ou qui force à 11km/h, c’est difficile de distinguer), et je me remarque in petto que je suis un peu à fond…

On se perd un peu, on passe dans une zone industrielle puis devant une entrée d’autoroute, et d’autres endroits similairement riants… Puis grâce à une vieille dame à vélo, on trouve Roaillan ; et à Roaillan où l’on voulait s’arrêter, on apprend par l’épicière du coin qu’il n’y a rien pour dormir et que le mieux est d’aller à Le Nizan (à 8km). L’épicière nous montre où retrouver la piste cyclable et on se retrouve enfin sur un endroit calme et agréable !

Hélas à Le Nizan, les quelques chambres d’hôtes sont complètes, et on nous conseille d’aller jusqu’à Villandraut (à 4km) où il y a des campings. Lorsqu’on arrive à Villandraut après quatre kilomètres de douce descente sur laquelle on a pu rouler à une vitesse indécente (27km/h !), on est claqués, mais bien accueillis par le gérant du camping, très chaleureux et sympathique, et le soir, on se remet avec (pour changer de nos pâtes à toutes les sauces) de bons croques-monsieurs avec des frites !

Jeudi 5 août – Villandraut-Mios (67 km en 4h30)

On a rencontré quelques cyclotouristes au camping, qui allaient dans l’autre sens que nous. Ils nous ont dit que la piste cyclable qui nous attendait était une véritable autoroute, et c’est vrai ! Elle va tout droit (en faux-plat montant, hélas ! et c’est sans doute pour ça qu’ils l’ont prise pour une autoroute, dans leur sens), et ce qui nous change le plus du canal, c’est qu’on est entouré de forêt de chaque côté de la piste. C’est tellement droit qu’on a parfois une illusion d’optique et l’impression qu’à l’horizon, ça descend ou ça tourne ; mais en fait, non, ça continue tout droit en joli faux-plat montant !

On se ressent de l’étape de la veille : Clo a une courbature à la cuisse gauche, qui finit par passer avec l’échauffement. Quant à moi, j’ai un peu mal au genou. On avance moins vite que d’habitude, du coup, 15 ou 16km/h au lieu de 19 ou 20.

Après avoir essayé le conseil des cyclotouristes du camping concernant la « super base de loisirs d’Hostens qui est trop chouette », on a décidé qu’elle n’était pas si chouette pour nous (trop pleine de gens) et on a déjeuné dans les fougères dans la forêt. Paul est même parti s’aventurer dedans, j’étais très fier de lui (et Clo aussi). Je crois qu’il a pris plus confiance en lui-même pendant ces vacances…

Sur l’après-midi, mon genou me fait de plus en plus mal et ça me brûle à chaque relance, au point que je ne pédale presque plus que de la jambe gauche : même clipper la pédale auto finit par faire mal.

Lorsqu’on arrive au camping à Mios, après être passé dans une pharmacie où l’on m’a conseillé du Cliptol, on décide donc de faire une pause le lendemain le temps que mon genou se calme.

Paul est bien habitué au camping maintenant, il a juste peur des douches, qui ont souvent tendance à pleuvoir dru de très haut… Il s’endort très vite.

Vendredi 6 août, la démission du genou

Au repos et à froid, globalement, ça ne va pas mieux du côté de mon genou qui me fait mal quand je plie la jambe. On passe une journée tranquille au rythme de Paul, qui fait même sa sieste dans la tente alors qu’on y croyait qu’à moitié. Il a pu jouer dans les jeux d’à côté (bien qu’il en manquait la moitié) et aussi avec notre petit voisin de camping, Nico, qui avait à peu près quatre ans et la langue bien pendue !

Clo et Paul ont même pu se baigner dans l’Eyre qui bordait le camping, et Paul s’est bien amusé à faire des pâtés et dans l’eau de la rivière.

Finalement, le vendredi soir, on a décidé que je n’allais pas pouvoir repartir le lendemain et que ce n’était pas la peine de passer le week-end au camping (c’est quand même pas pratique de vivre par terre avec une jambe raide), et on a appelé Mondial Assistance en la personne du père de Clo.

Samedi 7 août, le rapatriement sanitaire

Le père de Clo est donc arrivé samedi matin, pendant qu’on rangeait tout et que je démontais les vélos afin d’essayer de ne faire qu’un voyage (étant à environ 100km de Tosse, c’était mieux pour Philippe !). C’est difficile de faire entrer quatre personnes plus deux vélos, une remorque et les bagages dans une voiture, même dans un grand monospace, mais on a réussi !

Après avoir acheté un siège bébé pour Paul, puis déjeuné à la rôtisserie de Mios un très bon poulet rôti, nous sommes repartis vers Tosse par les petites routes, afin d’éviter la masse de touristes prévue par Bison Futé sur l’autoroute, avec un petit pincement au coeur à chaque fois que l’on longeait ou croisait l’Eurovélo n°1…

C’est le moment qu’a choisi Paul pour vomir dans son siège auto tout neuf, suivi juste après, pendant que l’on nettoyait le tout, du moment qu’a choisi la batterie de la voiture pour rendre l’âme. Philippe s’est donc mis en quête d’un garagiste, qui heureusement se situait à moins d’un kilomètre du lieu de notre panne ! Ce petit incident aura l’avantage de rendre la dernière étape inoubliable elle aussi…

Au final, malgré la déception de n’avoir pas pu finir alors qu’on était super bien partis (il ne nous restait que deux étapes ou trois ! mais le plus décevant c’est qu’on n’aura sans doute pas l’occasion de refaire un tel voyage avant un certain temps), on est vraiment contents d’avoir fait ce voyage. On a surmonté des difficultés imprévues (surtout vis à vis du temps, il nous a quand même plu sur la figure à un moment ou un autre trois jours sur cinq), on a réussi à s’adapter à la vie au plein air avec un petit Paul qui a été adorable, très compréhensif et curieux de tout, on s’est dépassé sans souffrir (au début !) avec de longues étapes de 70km (on prévoyait 30 ou 40 par jour, au début…)

La prochaine fois on se forcera à faire des étapes plus courtes, ou à les intercaler de journées-visites pour se changer les muscles !

Maintenant, on se repose tranquillement à Tosse, et j’attends patiemment que mon tendon se remette avant de remonter sur un vélo. C’est très frustrant surtout qu’il y a plein de cyclistes partout ici ; mais je vais éviter de déconner pour ne pas me retrouver avec un truc qui traîne pendant six mois.

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