Ma première portière

Mercredi 30 décembre, 16h40. Je vais chez le médecin me faire soigner une angine agaçante.

Il fait beau, Toulouse est calme. En cette veille de réveillon il n’y a plus grand monde. Je pédale tranquillement. Avenue Ségoffin, personne, pas de vent, j’avance bien malgré ma petite forme. Le rond-point à priorité inversé de la rue des trente-six ponts. Pas de voiture garée au milieu. L’avenue Frizac, qui mène au jardin des Plantes, toujours aussi agréable, ombragée, avec ses arbres et sa bande cyclable sans voiture. J’arrive au bout, le feu est rouge. Entre lui et moi, trois voitures que je remonte par la bande, en ralentissant doucement – j’aurais peut-être le vert avant de m’arrêter !

Plus qu’une voiture avant d’arriver au sas cycliste. Mon oeil est attiré par un léger mouvement et déjà je vois une tranche de la portière passager, l’intérieur de la portière, elle s’ouvre vite et je ne pourrais pas passer entre elle et le trottoir. Je ne m’en suis pas encore vraiment rendu compte, mais je sens mes doigts crisper sur les freins. Le frein arrière devient inutile lorsque la roue décolle du sol. Je vois mon cintre à la verticale de mon regard, ma roue avant en dessous au lieu d’etre devant, le haut de la porte ouverte est au niveau de ma gorge, elle est encore à une distance qui paraît un mètre. J’entends vaguement qu’une grande inspiration de stress est prise sur ma gauche. Je sens mon vélo me retenir par les pieds et je me demande si j’arriverai à déclipser au bon moment. Mes doigts désserrent le frein juste avant la bascule et je vois la roue avant reprendre du terrain sur le cintre, et je resserre.

La roue arrière retombe lourdement au sol, je lâche tout et déjà le vélo est par terre et moi debout – comment ?

La passagère a refermé sa porte mais sa bouche est encore ouverte et ses yeux équarquillés. Je ré-ouvre violemment la porte pour entendre « ah bah faut pas remonter les files ! ». L’adrénaline est encore à son pic, la catharsis commence, les insultes volent et rien n’en sort de bon.

J’aurais plutôt dû faire un constat : je me suis égratigné le genou (mais sur quoi ?… je ne sais pas) et j’ai dû la toucher, la portière : j’ai un bleu en travers du bras.